L’espace urbain de la ville de Saguenay – La Baie

BUT ET OBJECTIF

Le but de la carte est de montrer l’organisation territoriale et le développement de l’agglomération urbaine de l’arrondissement de La Baie.

MÉTHODOLOGIE

L’analyse et l’interprétation de la carte se fait à partir d’un seul poste d’observation, soit le belvédère de l’hôpital de La Baie.

COMMENTAIRE

Le port

La baie des Ha! Ha! constitue la façade maritime de la ville de Saguenay et de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean; c’est par cet accès maritime que sont arrivés les colonisateurs du Saguenay, lesquels ont tout de suite peuplé l’emplacement des villes qui s’y trouvent aujourd’hui. C’est aussi à partir de là qu’ils ont développé l’économie de la région.  

Les premières industries installées à La Baie, c’est-à-dire les scieries, ont utilisé ce port naturel pour exporter leur production et celles qui ont suivi, à savoir la pulperie de Chicoutimi et les papeteries de Kénogami et de Port-Alfred, ont elles aussi utilisé cette façade maritime comme débouché.

Plus tard, vers 1925, avec la construction de l’aluminerie d’Arvida, l’Alcan (aujourd’hui Rio Tinto Alcan) y agrandi les installations portuaires existantes, bâti des entrepôts et surtout, acquiert la ligne de chemin de fer Roberval-Saguenay construite en 1911 reliant la baie des Ha! Ha! à Arvida pour transporter, dans un sens, la bauxite vers l’usine et, dans l’autre, la production d’aluminium vers le port. Le chemin de fer s’est développé dans l’ensemble de la région. Conséquemment, toutes les villes du Saguenay et du Lac-Saint-Jean sont fonctionnellement reliées à ce port en eau profonde par l’entremise du chemin de fer (ex : L’usine d’Alcan à Alma est relié au port de La Baie).

L’agglomération

L’agglomération de La Baie n’est pas totalement dépendante de son port et ses activités sont variées. Elle renferme également un nombre relativement important de services et de commerces qui lui permettent un certain degré d’autonomie en ce domaine.

La vocation industrielle de La Baie s’est confirmée encore plus avec la construction de l’aluminerie Grande-Baie (720 emplois) qui a été mise en opération en 1982 et l’ajout d’une usine de panneau de fibre de bois (120 emplois) en 1996. Ces deux usines se sont ajoutées à un certain nombre de petits établissements industriels qui procuraient aussi de l’emploi à la population. Jusqu’à tout dernièrement, la papeterie de Port-Alfred employait 650 travailleurs. Depuis la fermeture définitive de la papeterie en janvier 2005 et sa démolition par la suite de même que la fermeture de l’usine de panneau et de deux scieries, cet arrondissement vit des jours difficiles.

L’histoire

Cette agglomération est née autour de sa scierie originale; les premiers colons sont arrivés à la Grande-Baie (plus précisément à l’église que l’on peut apercevoir du côté sud de la baie), ils y ont installé leur usine à l’embouchure de la rivière à Mars et l’agglomération s’est développée graduellement autour de cet établissement industriel initial. Même si le Saguenay–Lac-Saint-Jean est divisé en cantons, nous retrouvons des vestiges du système seigneurial français dans l’organisation du territoire. En effet, les cantons sont exceptionnellement orientés par rapport à l’hydrographie de la région et ils sont subdivisés en rang plutôt qu’en carré.

Dans un deuxième temps, l’urbanisation s’est faite autour d’une deuxième scierie située dans la partie ouest de l’arrondissement actuelle et cette nouvelle agglomération a su profiter des activités portuaires découlant de la pulperie de Chicoutimi (voir la carte de Chicoutimi). Une troisième agglomération, la partie centrale que l’on peut voir en arrière des usines et des entrepôts, est apparue plus tard, soit en 1919 et est à l’origine de l’urbanisation moderne de La Baie. Il s’agit de Port-Alfred.

Port-Alfred était une ville de compagnie qui a été construite par les propriétaires de la papeterie au moment de son ouverture. La compagnie en a tracé le plan, s’est chargée de la construction des maisons et ce n’est que plus tard qu’elle s’est départie de ses propriétés résidentielles.

Ces trois noyaux urbains se sont développés avec un certain degré d’autonomie. Ils ont évidemment échangé des services et des activités, mais l’intégration de la structure urbaine s’est faite beaucoup plus tard lors des premières fusions des années 70. On trouve donc à Bagotville un petit centre-ville regroupant un nombre assez important d’activités, on retrouve aussi un embryon de centre-ville à Port-Alfred et enfin Grande-Baie qui, jusqu’à récemment était plutôt un gros village, comporte un certain degré d’autonomie fonctionnelle.

La structure d’ensemble de l’agglomération est comparable à celle de la plupart des villes portuaires, c’est-à-dire que l’arrangement des espaces se fait à partir du bord de la mer. La rue principale suit presque exactement la rive, les équipements d’infrastructure y sont aussi localisés et les densités de population sont décroissantes depuis le port vers l’intérieur.

Les fusions municipales ont grandement influencées l’administration de cette agglomération. Le regroupement de Port-Alfred et de Grande-Baie a été fait en 1953. Les trois noyaux reliés dans une continuité de l’espace bâti ont également été fusionnés en 1976 pour former la municipalité de Ville de la Baie. Depuis 2001, ce secteur urbain qui compte 18 200 habitants en 2006, a le titre d’arrondissement à l’intérieur de la nouvelle ville de Saguenay.

RÉFÉRENCES

BOIVIN, Roger, (2004), Évolution de l’utilisation du territoire de Ville de Saguenay 1997-2001, Québec, Université Laval, Mémoire de baccalauréat en géographie, 213 pages.

BOUCHARD, Louis-Marie (1973), Les villes du Saguenay : une étude géographique, Chicoutimi, Fondation de l’Université du Québec à Chicoutimi, 212 pages.

DUFOUR, Jules (sous la direction de) (1978), La géographie du Saguenay–Lac-Saint-Jean (Province de Québec) guide d'excursions scientifiques, Chicoutimi, UQAC, Module de Géographie, Collection Travaux géographiques du Saguenay, no 3, 220 pages.

GAUTHIER, Majella-J. et Louis-Marie BOUCHARD (sous la codirection de) (1981), Atlas du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Chicoutimi, Gaëtan Morin éditeur, 97 planches.

GIRARD, Camil et Normand PERRON (1989), Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, Collection Les régions du Québec, 665 pages.

SIMARD, Martin et Majella-J. GAUTHIER (2004) “Les enjeux territoriaux associés à la réforme municipale. Le cas de Saguenay”, Cahiers de géographie du Québec, vol. 48, no 134, p.191-207.

SOUTIEN FINANCIER

Comité de liaison institutionnel (CLI-UQAC)

Fonds des enseignements médiatisés (FEM-UQAC)

Carl BRISSON et Simon OUELLET, Laboratoire de recherche et d’expertise en géographie appliquée, Camil GIRARD, Groupe de recherche sur l’histoire, Université du Québec à Chicoutimi, mars 2012.