Pluie maximale probable sur le Québec méridional


L'objectif de cette carte est de comprendre les précipitations extraordinaires qui se sont produites en juillet 1996 et qui ont occasionné des inondations dont les conséquences ont été remarquables. La carte présente un modèle prévisionnel de ce qui pourrait se passer à tous les 100 ans. Il n'est pas surprenant de constater que ce qui a été observé par télédétection au moment de l'événement et les précipitations qui ont été mesurées effectivement correspondent à ce modèle. La présente carte décrit la répartition spatiale des zones susceptibles d'être les plus arrosées.


En juillet 1996, des précipitations intenses se sont abattues sur le massif des Laurentides. C'est plus particulièrement la partie sud du bassin hydrographique de la rivière Saguenay qui fut la plus touchée. Les rivières se sont gonflées, les barrages de retenue d'eau ont été contournés quand ils n'ont pas cédé, les ponts comme les routes et les maisons ont été entraînés bien souvent dans des torrents dévastateurs. Cet événement fut suffisamment impressionnant et ravageur pour donner lieu à la mise sur pied de projets de recherche sur la compréhension de cette inondation et ses conséquences de même qu'à une médiatisation pancanadienne. Outre les stations de radio, de télévision et les journaux, certains magazines qui diffusent de l'information scientifique (Réseau, mai 1997 et Canadian Geographic, March/April 1997) ont publié des reportages sur cet événement qui a marqué la mémoire des Saguenéens.

L'étude de certains aspects géographiques a permis de mieux comprendre l'ensemble du phénomène. En effet, il existe une combinaison d'au moins neuf causes qui ont provoqué l'inondation du Saguenay. Celles-ci sont:

  1. La météorologie continentale (convergences de systèmes dépressionnaires);

  2. Les sols dans le bassin versant (saturation des sols);

  3. L'orographie du bassin versant (élévation et topographie);

  4. L'état de la forêt du bassin versant (coupes, feux et chablis);

  5. L'hydrographie du bassin versant (disposition des lacs et des rivières);

  6. Le régime des précipitations du bassin versant (hauteur, fréquence et durée);

  7. Les modes d'occupation de l'espace (localisation des établissements humains);

  8. Les modes de gestion des réservoirs (économie régionale, industrie et tourisme);

  9. La perception de l'environnement (espace perçu versus espace réel).


Parmi ces causes, le régime des précipitations du bassin versant est un des facteurs explicatifs les plus importants. Tributaire de l'orographie du bassin versant et de la météorologie continentale, le régime des précipitations peut varier grandement sur un territoire comme le Québec méridional.


Pour cette portion du territoire québécois, le massif montagneux laurentien (plus de 900 m d'altitude) constitue une des zones les plus propices à l'effet orographique qui détermine un accroissement des précipitations. La topographie ascendante de ce massif, qui correspond en gros à la réserve faunique des Laurentides, a pour effet d'augmenter la condensation et les précipitations en provoquant le refroidissement des masses d'air humide, forcées de monter en altitude sur le flanc est des montagnes.


La météorologie continentale a également un rôle important à jouer dans la quantité d'eau à être précipitée sur le massif des Laurentides. Par exemple, il a fallu qu'une gigantesque dépression (en forme de virgule) vienne s'accrocher aux montagnes des Laurentides et y stagner pendant quelques jours pour qu'une grande quantité d'eau soit déversée dans le bassin versant du Saguenay.


Un modèle établi par le Service de la météorologie du gouvernement du Québec en 1972 confirme que le massif des Laurentides est sans conteste celui, au Québec, qui peut recevoir la plus grande quantité de pluie dans une journée avec une probabilité de retour tous les 100 ans. En effet, la carte montre bien qu'il existe une zone qui correspond au massif des Laurentides. Cette zone est susceptible de recevoir entre 145 et 154 mm de pluie en 24 heures tous les 100 ans. Une simple extrapolation de tendance probabiliste permet d'envisager que des pluies de 48 heures accumulant 290 mm d'eau dans le bassin versant du Saguenay puissent survenir tous les 100 ou 200 ans. Cette zone de prédilection, à l'orographie accentuée par ces montagnes, a été copieusement arrosée par plus de 262 mm d'eau en 50 heures sur une période s'étalant du 19 au 21 juillet 1996.


En conclusion, la convergence et la stagnation d'un système dépressionnaire explosif au-dessus d'un territoire restreint et à l'orographie favorable, comme c'est le cas du massif des Laurentides, sont susceptibles de se reproduire, selon toute probabilité, à des intervalles relativement réguliers et courts dans le temps.



RÉFÉRENCES


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GAUTHIER, Majella-J., (1975), L’agriculture au Lac-Saint-Jean: étude géographique, Université du Québec à Chicoutimi, Centre de recherche du Moyen-Nord, Travaux géographiques du Saguenay, no 1, 330 pages.


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GRESCOE, Taras, (1997), The Saguenay floods, Water Powered the Region's Economy, and almost Destroyed it, Canadian Geographic, vol. 117, no 2, March-April, p. 28-40.


HÉMOND, Élaine, (1997), L'INRS-Eau et les inondations au Saguenay, Réseau, vol. 28, no 8, mai, p. 16-20.


Massin, Bruno, (1971), Les déficits hydriques au Québec, Québec, Ministère des Richesses naturelles, Service de la météorologie, rapport M.P.-34, 284 pages.


MASSIN, Bruno, (1970), Zones agroclimatiques du Québec méridional, Québec, Ministère des Richesses naturelles, Service de la météorologie, rapport M-35, 24 pages.


PLEAU, Claire, (1969), Esquisse du plan de développement: étude climatologique en fonction de l'agriculture, Québec, Office de planification et de développement du Québec, Mission de planification régionale Saguenay—Lac-Saint-Jean, annexe IV, 58 pages.


http://www.uqac.uquebec.ca/teledetection/deluge/images/main/start.htm

http://www.inrs-eau.uquebec.ca/saguenay/

http://dsf.uqac.uquebec.ca/teleair/


SOUTIEN FINANCIER


Ministère des Régions du Québec

Fonds académique du réseau de l'Université du Québec (FODAR)

Fondation de l'Université du Québec à Chicoutimi (FUQAC)

Projets structurants à caractère régional (CRCD)


Majella-J. GAUTHIER, Gilles-H. LEMIEUX, Carl BRISSON, Réal BEAUREGARD et Alain ROCH.

Laboratoire de télédétection et de géomatique, Université du Québec à Chicoutimi, avril 2001.